Prevention du suicide

Publié le par Jean-Marc Farahmand

 

Ces quelques lignes n’ont pas la prétention de faire le tour de la question mais de donner quelques points de repère et quelques explications.

 

Présentation :

 

Je suis psychothérapeute en Analyse Transactionnelle (A.T), Maître praticien en P.N.L  certifié à la relation d’aide et Maître praticien en Hypnose Ericksonnienne. Mon parcours et mes propres souffrances m’ont conduit à m’intéresser de prés à celles des autres. C’est  depuis plus de 20 ans et après quelques années d’analyse personnelle en individuel et en groupe d’A.T que j’ai entrepris de me former aux disciplines nommées. Les Ecoles et les formations ont aussi contribué à la compréhension de mes croyances « sur moi, le monde et les autres » .Elles m’ont permis d’en modifier certaines qui étaient limitantes et m’ont appris à bien  vivre avec d’autres. Aujourd’hui tout en continuant un travail de développement personnel et un travail de supervision de ma pratique, j’en fais une philosophie de vie qui me permet de  continuer à progresser sur ce chemin et sur celui du monde merveilleux de l’inconscient au travers duquel nous cheminons à la rencontre et à la découverte de notre soi, notre self, notre identité.

 

Pour ce qui concerne la prévention du suicide, c’est un apprentissage que j’ai fait à travers un parcours de 8 années dans une école de la vie ouverte à tous, Cette école est l’association SOS Amitié Pau. Elle n’est « bien  sur »  pas une école dans le sens traditionnel, mais elle est un lieu d’apprentissage de la bienveillance, de l’écoute empathique et de la libre expression des souffrances dans l’anonymat. Le nombre, la diversité des personnes qui appellent sont probablement plus nombreux que ce que l’on peut rencontrer dans nos cabinets de thérapie.

 

Qu’est-ce qui m’a amené à m’intéresser à ce sujet ?

 

Mon vécu familial, le flirt avec des Tentatives de Suicide (TS)  la confrontation avec un acte réussi, m’ont poussé à chercher à comprendre ou à éviter. C’est surtout, une prise de conscience et l’envie de changer mes croyances lorsque je suis devenu Père, qui en sont à l’origine.

 

Alors, voici juste mon point de vue sur ce sujet

 

Pourquoi se suicide-t-on ?

 

Il est important de ne pas généraliser. Il y a des personnes avec des pathologies lourdes qui nécessitent des prises en charge dans des structures adaptées à leur souffrance. Mais pour la majorité des individus, la Tentative de suicide est une réponse à l’impossibilité du moment de trouver une autre réponse à un conflit intrapsychique entre un désir et un interdit.

 

Comment se manifeste ce conflit :

 

Souvent la personne a introjecté à travers ses croyances enfantines, que si elle met en œuvre ses désirs pour satisfaire ses besoins, elle va toucher à des peurs archaïques qui lui font croire qu’elle ne pourra en aucun cas vivre sans détruire un lien. En terme de conflit psychique, c’est comme s’il n’y avait pas de différenciation entre moi et l’autre et que la seule possibilité était une tentative dommageable de séparation.

Je me souviens d’un jeune homme de ma famille qui a fait une TS parce qu’il avait envie (désir) de vivre avec une fille, mais sa mère, lui avait dit : « si tu pars je meurs » (interdit).

Ce n’est pas toujours évident de voir le lien dans les situations de cause à effet sans une connaissance approfondie des mécanismes de la psyché.

Différentes approches thérapeutiques  expliquent chacune à leur manière, comment nos croyances se mettent en place. Elles précisent toutes que c’est un ensemble d’interprétations de ‘‘la réalité’’ passée à travers nos filtres individuels, familiaux, sociaux et culturels qui nous donne et nous permet de mettre en place un  système cohérent de pensées, sentiments et comportements.

Ces croyances sont efficaces à un certain moment donné, mais certaines avec le temps deviennent limitantes.  

C’est donc confrontée à cette limitation que la personne qui n’a pas d’aide extérieure, n’arrive  plus à voir d’autre alternative pour la résolution de son problème.

Le passage à l’acte devient alors la seule option dans la résolution du problème. La souffrance, due à ce manque de choix, fait oublier à la personne qu’elle ne désire pas se supprimer, mais supprimer cette souffrance.

 

 

 

Quelles sont les émotions qui poussent à cet acte ?

 

La colère, la rage, cette même énergie qui pousse à la violence visible et extériorisée pour les uns, et à celle contre soi (TS) pour les autres. Lorsqu’il n’y a pas la parole, la symbolisation, alors le passage à l’acte (TS –Mutilation et autres) apparaît pour la personne comme la seule issue possible, donc dommageable.

La colère, l’une des quatre émotions de base, est l’émotion qui permet de mettre des limites. Si elle se transforme en violence, je fais l’hypothèse que c’est l’impossibilité pour la personne de mettre des limites et des frontières entre soi et l’autre. S’il en est ainsi, je peux en déduire que la personne n’a pas pu faire cet apprentissage dans son enfance ou bien de façon incomplète. Par conséquent, les limites n’ont  pas été réellement ou symboliquement ou psychiquement mises en place  et respectées.

L’observation du nombre plus élevé  de TS dans les familles où il y a eu une forte promiscuité, dans celles où il y a eu abus sexuels et  dans celles où il y a eu surprotection avec attentes importantes plus ou moins non dites de la part des figures parentales, semblerait  le confirmer.

 

Que peut ressentir  la personne en souffrance ?

 

A travers l’écoute que j’ai pu avoir et  à travers l’expérience que j’en ai, la souffrance se manifeste sous différentes formes  avec diverses causes . Quelques unes des sensations que j’ai pu repérer sont : la sensation d’enfermement, de tourner en rond dans sa tête, de ne voir aucune issue ou autres. Sur le plan physique et physiologique de ressentir des sensations de pression qui pousseraient de l’intérieur vers l’extérieur en particulier pour les personnes qui n’arrivent pas à exprimer leur colère et leur agressivité. Je n’oublierais jamais cette jeune fille, qui se scarifiait pour soulager cette souffrance . Elle me disait que le fait de se scarifier   la libérait de ses tensions , ce qui lui avait permis de ne pas passer à l’acte et de mettre fin à son existence..

Pour ceux qui sont plutôt dépressifs  d’après ce que j’ai pu entendre , cela ressemblerait  plutôt à des sensations de vide , de chute dans le néant, de laisser aller , de ne plus avoir envie de…… . Cette sensation de pression et d’étouffement due à l’angoisse, agirait plutôt comme une pression  s’exerçant de l’extérieur vers l’intérieur jusqu’à l’anesthésie de cette sensation après abandon de la part de la personne pour ne plus ressentir la souffrance. Cette sensation qui entraîne cette passivité , je la désignerais comme une agressivité tournée vers soi plutôt que vers les autres.

 

 

Comment en arrive t-on au passage à l’acte ?

 

La personne n’ayant pas pu, su ou osé exprimer sa souffrance suite à une croyance limitante, après de nombreuses tentatives pour résoudre son problème sans aide extérieure est confrontée à des échecs répétés. C’est alors seul avec sa croyance que « de toute façon il n’y a pas d’autre solution »  qu’il va de façon consciente ou inconsciente tenter d’en finir avec un passage à l’acte.

 

Le processus intrapsychique permet par ce mécanisme de répétition de générer une croyance qui va avoir pour fonction de permettre d’éviter la blessure ou la souffrance originelle.

L’avantage premier de cette défense, est de mettre à distance cette souffrance et d’être  efficace tant que les événements extérieurs ne ravivent pas les blessures. L’inconvénient est que lorsque cette souffrance est réactivée, le refoulement ayant entraîné la méconnaissance des possibilités à résoudre le problème, l’individu est remis en contact avec son angoisse sans qu’il puisse lui donner un véritable sens.

Ce phénomène pousse la personne dans un comportement de passivité vis-à-vis de la résolution du problème, cela  produit l’agitation mentale sans résultat, qui entraîne à son tour  une sensation d’oppression qui va crescendo et de laquelle va émerger la croyance que de toute façon il n’y a pas de solution ou d’autre issue possible. Cela ne  permettra pas de nommer ou de symboliser le mal-être. L’angoisse persistera tant que la personne ne lui aura pas redonné son sens.

La parole permet de prendre de la distance par rapport au problème, elle permet à la personne de ne pas s’identifier au problème

 

Comment prévenir le suicide (comme toute sorte de violence) ?

 

Bien sur il n y a pas de réponse miracle ou toute prête, sans cela de nombreux professionnels qui travaillent dans ce domaine auraient déjà donné la réponse.

La réponse peut être dans la congruence (1), la bienveillance, l’empathie  de la personne qui accompagne la personne en souffrance. Pour cela les postulats de base de la PNL, ceux de Milton Erickson,  comme le principe de l’OK ness (2) de l’A.T   sont fondamentaux et aidants pour accompagner les personnes confrontées à leurs angoisses.

(1)   terme indiquant la cohérence entre la pensée, les émotions et le comportement. Ce terme nous le devons à Carl Rogers et à son approche non directive.
(2)   OK ness  terme utilisé en Analyse transactionnelle pour définir les positions de vie de chaque individu. 4 positions existentielles (-,-) - (-,+) – (+,-) - (+,+). La position OK étant la position (+,+) c’est-à-dire j’ai de la valeur et tu as de la valeur , dans une relation gagnant gagnant. Soit l’autre est aussi important que moi.


Que peut-on faire ?

 

Ecouter, entendre, être attentif, observer les comportements, être bienveillant, accepter le cadre de référence et le système de valeurs de l’autre.

Poser le cadre protecteur, lui Permettre de dire l’indicible, l’inviter à ce qu’il exprime, sa terreur, ses peurs et ses doutes, enfin tout ce qui l’a conduit à ne trouver qu’une seule issue. Ce cadre doit lui être offert, jusqu'à ce qu’il soit prêt à reconsidérer sa croyance limitante  et à la modifier.

 

La violence nommée est la première étape vers la résolution du problème.

 

Accueillie  dans sa différence  avec bienveillance, empathie et congruence, la personne qui fait une méconnaissance de sa souffrance (système de défense ou croyance  non opérante aujourd’hui) peut alors grâce aux liens la remettre en question et éventuellement la modifier pour en acquérir de nouvelles avec des comportements adaptés à l’ici et maintenant.

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C’est l’incohérence entre  le discours (dialogue interne) le ressenti  kinesthésique  et le comportement qui est à l’origine  de la violence.

 

C’est une incohérence (intrapsychique) entre les règles ou lois et leur mise en application qui entraîne cette angoisse, le manque de sens pousse la personne fragilisée, à passer à l’acte non pas pour se détruire, mais pour détruire cette souffrance qui est devenue par son non sens insupportable.

 

Conclusion :

 

Lorsque l’on sait que seulement  7 à 9 % du langage est verbal, on peut facilement comprendre cette facilité à intégrer des messages non congruents par chacun de nous et encore plus dans notre enfance. C’est pour cela que tant que nous ne faisons pas  un travail d’introspection, si nous ne sommes pas confrontés à des difficultés majeures nous nous y adapterons sans trop de difficulté. Le problème se pose lorsque nous sommes confrontés avec des événements qui font que nos défenses ne sont plus adaptées ou sont trop limitées pour y faire face. Alors l’aide extérieure devient nécessaire le temps de se réapproprier nos capacités à faire face aux événements.

Voir lien suivant :

www.elysees-monceau.com



 

 

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B
Et si le suicide, réussi ou pas, résultait de l'absence de réserves pour supporter la souffrance, devenue omniprésente et insupportable ?
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